Ploegaerts : « cette saison nous a comblés »

5 mai 2024 17:00:00 dans NM2

Après avoir achevé la saison en apothéose en battant une deuxième fois le leader messin (92-83), le coach carolo fait le point sur un exercice qui aura marqué le renouveau du basket masculin dans les Ardennes et l’intérêt grandissant du public derrière l’Etoile.

 

Jimmy, quel bilan dresses-tu de cette saison ?

"Il y a beaucoup de satisfactions, de fierté et de joie d’avoir réussi ce parcours globalement positif et au bout duquel, on partage la seconde place avec Souffelweyersheim et Tremblay. Si la saison passée, on avait terminé soulagé en sauvant les meubles, là il y a une pointe de déception et de frustration d’échouer d’un rien et au panier-average dans la course aux playoffs d’accession en N1 alors que nous sommes partis de très loin. Mais l’équipe à travers ses résultats et sa façon de jouer a suscité un réel engouement populaire autour d’elle et a dégagé beaucoup de bonnes choses. On peut se féliciter de tout cela. C’est en tout cas une bonne base pour la suite qui donne envie de faire encore mieux. Sur la manière, que ce soit sur le parquet ou en dehors de l’aire de jeu, les joueurs ont fait preuve d’un super état d’esprit."

 

De courts échecs qui coûtent les playoffs

 

Quels regrets éprouves-tu au terme de cet incroyable remontada ayant amené l’Etoile à cette deuxième place inespérée à un moment de la saison ?

"Si je n’ai rien à reprocher aux joueurs sur la phase retour au cours de laquelle on ne perd que deux fois, plusieurs rendez-vous nous restent en travers de la gorge. Comme les courts échecs concédés à domicile contre Liévin (71-74) où on est encore devant à trente secondes de la fin alors qu’on était privés de Lucas Depaix et Martin Courtois, à Souffelweyersheim où l’équipe mène durant trente minutes avant de céder à 50 secondes du terme (84-80). Il y a eu aussi les revers sur le fil enregistrés à Alfortville après deux prolongations après avoir perdu Boban en fin de partie (99-94), et puis le pire match de notre exercice, ici, contre Gennevilliers (60-72). Si on avait réussi à faire basculer quelques-uns de ces matchs-là en notre faveur, on aurait pu obtenir une place en playoffs."

 

Comment expliques-tu la totale métamorphose de l’équipe durant le cycle retour ?

"En début de saison, la mayonnaise a eu du mal à prendre à cause d’un renouvellement important de notre effectif. Notre cinq majeur était constitué de quatre recrues et il a fallu un peu de temps pour mettre en place notre collectif et trouver la bonne carburation. On a payé cher cette entame de saison. Ensuite et après s’être fait peur, nous avons trouvé une dynamique très intéressante durant tout le reste de l’exercice, pour finir en trombe et mourir à peu de chose. En battant deux fois le champion messin (80-85 et 92-83) et en allant nous imposer à Tremblay (93-102), Gennevilliers (71-78) et Holtzheim (82-92). L’évolution de cette équipe représente une grande satisfaction."

 

 « Un véritable lien s’est établi entre le public et cette équipe »

 

En tout cas avec un basket alléchant et spectaculaire, vous avez su séduire un nombreux public.

"L’engouement populaire qu’on a suscité à partir du mois de novembre grâce au contenu de nos performances a effectivement fait venir pas mal de nouveaux spectateurs à l’Arena. C’est la deuxième grande satisfaction de l’exercice. Car lorsqu’on dispute nos six derniers matches devant des affluences allant de 1000 à 2.250 personnes, ce n’est pas un one shot. On a obtenu cela grâce à notre qualité de jeu et aux valeurs chères au Ardennais. J’ai le sentiment qu’un véritable lien s’est établi entre le public et cette équipe. Ce sera important d’entretenir cela à l’avenir. On mesure en tout cas la chance qu’on a d’évoluer à domicile avec un sixième homme derrière nous. En accueillant une telle foule en N2, on doit être une exception française à ce niveau. Et cela suscite l’intérêt de joueurs pour notre club."

 

Si l’équipe s’est montrée la plus prolifique en attaque (86,7 pts par match), par contre la défense a laissé à désirer.

"Il faudra qu’on progresse sur cet aspect-là, mais c’est aussi lié à notre style de jeu. En jouant vite, on laisse quelques cartouches à nos adversaires. Mais on ne va pas renier notre basket qui s’appuie sur l’offensive et le partage du scoring entre les joueurs. On a été dans ce qu’on avait envie de faire. Et le public se régale plus à voir une rencontre se terminant par un score 92-83 plutôt que 60-57."

 

Quels sont les faits marquants que tu retiendras ?

"Notre victoire à Liévin où il n’est pas facile de s’imposer, la série lancée entre fin décembre et février avant de perdre à Kayserberg en explosant dans les cinq dernières minutes et de bien enchaîner derrière. Il y a eu aussi le bon parcours en Coupe de France qui nous a permis d’entretenir une dynamique en championnat, le doublé victorieux réalisé contre Metz et Tremblay à cheval sur décembre et janvier, ce match exceptionnel en Coupe de France contre Fougères disputé devant 2.250 spectateurs. Quand j’ai signé à Charleville-Mézières, jamais je n’aurais pensé disputer ici une rencontre devant une telle affluence. Et puis bien sûr la série d’invincibilité de neuf matches qui ne s’est pas arrêtée avec la venue du leader messin. Ça fait tout de même pas mal de beaux moments. En tout cas, les gens qui sont venus nous voir ne se sont pas ennuyés."

 

Avec Mkamba, Auburtin, Kieger, Boyer et Depaix

 

Quelles vont être tes objectifs lors des prochaines semaines ?

"Faire l’analyse globale et pointue de la saison, voir ce qui a bien ou moins bien fonctionné sur tous les aspects (terrain vie de groupe et fonctionnement interne du club) de façon à apporter les adaptations nécessaires. C’est la condition sine qua non pour progresser et se projeter au mieux sur la saison prochaine."

 

Quelles sont déjà les certitudes pour la prochaine saison ?

"Quatre joueurs restent sous contrat : Jonathan Mkamba, notre capitaine, Alexis Auburtin, Pierre-Baptiste Kieger et Hugo Boyer avec lesquels il y a une volonté commune de continuer. L’autre Ardennais de l’équipe, Lucas Depaix, doit lui aussi prolonger même s’il n’y avait pas d’accord écrit. Nathan Ntouba va tenter de trouver un club où il pourra gagner du temps de jeu. Voilà pour les choses d’ores-et-déjà acquises."

 

Garder notre identité de jeu

 

"Concernant les autres éléments, Idrissa Pouye, Boban Jacdonmi, Franck Davidson et Martin Courtois, ils sont en fin de contrat et on discute avec eux tout en étant dépendants de qu’ils auront envie de faire en fonction des propositions qu’ils auront. On s’interroge à savoir si on doit continuer sur les mêmes bases en gardant de la stabilité au sein de notre effectif et notre identité, ou si on comble certaines faiblesses en amenant une nouvelle émulation pour éviter la routine en essayant de trouver mieux sur certains postes et à quel rapport qualité-prix. La marge de progression se situe sur une défense plus solide tout en gardant notre rythme en attaque et avoir des joueurs au caractère compétiteur. Mais entre ce qu’on veut faire et ce qu’on peut faire, il y a souvent un décalage. On va donc essayer de trouver le meilleur équilibre avec des joueurs totalement impliqués dans notre projet et en gardant notre identité tout en construisant quelque chose de solide pour aller en N1."

 

Et s’agissant du staff technique ?

"Mon duo avec Ludovic (Depaix) fonctionne très bien. Thibault Corniquet, le préparateur physique, a aussi été un apport important et va continuer avec nous. Il continuera de gérer le travail physique du lundi et les deux séances de musculation. Enfin Alizée Boudrique, notre statisticienne, apportera, elle aussi, sa pierre à l’édifice. Tous les trois donnent une touche locale à notre encadrement. Les capacités de travail sont bien exploitées. Aujourd’hui, si on veut encore avancer un peu plus, il faudrait qu’on arrive à travailler plus et mieux individuellement en trouvant quelqu’un de disponible pour améliorer le suivi des joueurs. C’est un axe de développement pour les prochaines années qui me permettrait de passer plus de temps sur la vidéo pour étudier la stratégie de nos adversaires."

 

Certaines choses vont-elles évoluer dans ta manière de faire ?

"Je me sens mieux dans ce rôle après deux années d’expérience à ce niveau. J’ai pris mes repères au sein du club et dans l’environnement global de la N2. Je me sens très bien installé ici. On essaie d’anticiper au niveau des entraînements entre les joueurs qui travaillent et les pros. La saison prochaine, le championnat démarrera une semaine plus tard, ce qui nous amènera à reprendre l’entraînement la dernière semaine de juillet par un stage de cohésion dans un lieu restant à déterminer. C’est une manière d’amener de la nouveauté et de sortir de notre environnement classique."

 

 Ton avis sur la nouvelle formule qui va être mise en place par la FFBB dès la saison prochaine en N2.

"Faire monter en N1 les quatre premiers de poule en supprimant les playoffs d’accession ne me choquent pas. Par contre la raison écologique évoquée pour diminuer le nombre de matches dans la saison et justifier ce changement me laisse dubitatif. Quand on constate que sur les huit équipes qui vont disputer les playoffs, la moitié veut réellement monter, la nouvelle formule ne me dérange pas. Les choses sont claires. Il faudra donc aller chercher la montée en étant performant tout au long de la saison et en sachant qu’en cas de désistement du leader, le second aura une chance d’accéder. On sait ce qui nous attend et on va faire avec."

Propos recueillis par Pascal REMY

  

  

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