L’Etoile l’emporte dans l’intimité
11 févr. 2023 23:00:00 dans NM2
Transparente en première période, l’Etoile a accéléré le tempo ensuite pour finalement passer plus de cent points à Cambrai (104-84). Ouf !
L’Etoile n’a pas eu peur du vide. Dans une salle toutes portes fermées au public, ce qui a amené le président Torres à réagir (voir ci-dessous), l’Etoile a su se faire violence en seconde période et oublier l’incompréhensible sanction infligée au club par la FFBB pour remporter en petit comité une partie cruciale contre Cambrai (104-84).
Déjà vainqueurs à l’aller (74-85), les Carolos ont donc joué les récidivistes en signant une sixième victoire très précieuse pour la suite des évènements. Même s’ils restent encore très remontés contre les instances nationales, les dirigeants du club auront enregistré là une belle lueur de satisfaction.
L’Etoile revient, en effet, à la hauteur de son hôte du jour avec en prime le panier-average favorable, tout en prenant ses distances avec Alfortville battu à Maubeuge, Joeuf qui s’est incliné après prolongations à Holtzheim, La Charité-sur-Loire étrillé à Metz (93-66) et Furdenheim battu par l’ALL Jura (71-84). Bref, une belle soirée malgré son triste contexte.
LE MATCH : L’ETOILE EN DEUX TEMPS.
Dans une Aréna sonnant le creux où on entendait distinctement le crissement des paires de basket et les conseils des coachs et des joueurs, Cambrai, malgré un cinq majeur privé de Pouille, Rondovic et Garbin, réussissait la meilleure entame (8-12).
Aït Alia, Nadjilem et Auburtin réagissaient quelque peu (17-17) mais les Carolos, c’est peu dire, avaient toutes les peines du monde à prendre les commandes du match. Mbondo et Nicolas maintenaient ainsi les Nordistes devant (17-21, 23-29) malgré les efforts de Nadjilem et Auburtin (30-31). Mais l’Etoile, laxiste en défense et sans l’envie qu’il faut dans ce type de match, laissait Cambrai caracoler en tête grâce à Gueye qui faisait ce qu’il voulait (21 points dans ce premier acte) : 39-45.
Rakocevic signait son retour sur le parquet (44-45) mais l’Etoile complètement inhibée restait logiquement derrière à la pause en ayant encaissé 51 points en 20 minutes devant une équipe venue avec sept éléments (46-51).
L’heure de la révolte
« On a vingt minutes pour rattraper ça » criait Jimmy Ploegaerts à ses joueurs avant un très court passage aux vestiaires. Même si la réponse tardait un peu à venir, Rakocevic, Lissossi et Nadjilem changeaient enfin la donne (57-54, 60-57). Nicolas et Montagne retardaient certes l’échéance (60-62). Mais cinq tirs primés de Courtois (2), Nadjilem (1) et Kieger (2) confortaient cette fois les locaux (75-64). Auburtin, Courtois et Aït Alia en ajoutaient quelques couches (79-67, 90-76, 100-80). Et l’Etoile avec six joueurs entre 12 et 24 points maintenait le couvercle sur cette victoire cruciale et opportune.
Sans public, l’Etoile était arrivée à combler ce vide pour entretenir l’espoir d’un maintien en N2. C’est bien là l’essentiel. Reste qu’il en faudra beaucoup plus pour se tirer définitivement d’affaire.
Après un derby à Recy dans quinze jours, L’Etoile s’apprête désormais à recevoir trois de ses concurrents directs : La Charité-sur-Loire (le 5 mars), Maubeuge (le 7 avril) et Furdenheim (le 6 mai). Avec entretemps un court déplacement à Joeuf (le 12 mars). Une fin de saison à la fois stressante et palpitante.
Pascal REMY
Les marqueurs : Torres, L. Depaix, Nadjilem 24, Aït Alia 12, Courtois 12, Kieger 6, Boyer, Lissossi 16, Auburtin 15, Rakocevic 19.
EN PREAMBULE.
Avant le coup d’envoi du match, un texte condamnant fermement tout propos raciste a été lu à haute voix. Un message qui sera renouvelé durant l'intégralité du mois de février dans les salles de basket en France.
LOT DE CONSOLATION.
Si l’Etoile a dû disputer cette rencontre à l’abri des regards et devant onze personnes autorisées à être présentes, les partenaires d’Hugo Boyer ont par contre été suivi par une bonne partie de leurs supporters qui ont pu, en effet, suivre la retransmission du match sur la chaine youtube du club.
Jimmy Ploegaerts : « On n’abandonnera pas ».
"Ce que je retiens avant tout, c’est la victoire. Elle était indispensable et nous avons su la prendre. Il faut donc savoir s’en contenter et même si notre première mi-temps fut difficile, on a gagné et avec vingt points d’écart. On aura par la suite le temps d’analyser ce qui n’a pas été bon mais on va déjà savourer ce succès dont on avait absolument besoin. Ça fait du bien car on s’éloigne de la zone rouge en battant de surcroit un concurrent direct avec en prime un panier-average particulier favorable.
Le match a été à l’image de notre semaine de travail au cours de laquelle j’ai poussé une grosse colère mardi soir. A savoir un début très poussif, sans énergie et au cours duquel on était battu dans tous les duels puis une réaction pleine d’intensité. Alors qu’on prend 51 points lors des vingt premières minutes, on en en caisse seulement 33 ensuite. C’est quelque part rassurant, car cela montre que c’est une équipe qui a des ressources et n’abandonne pas.
A la pause, c’était quitte ou double mais on a réussi à trouver le levier qu’il fallait pour rectifier le tir.
Sinon, jouer à huis clos est désagréable et pas tenable. Ma première pensée va vers le public, les partenaires et les bénévoles qui n’ont pas pu rentrer ce soir dans l’Aréna. Et aux dirigeants qui ne méritent pas une telle sanction quand on voit le boulot qu’ils font dans des conditions difficiles. Non, ce n’est pas acceptable de se retrouver dans une telle situation. C’est très lourd pour le club de voir qu’on lui met ainsi la tête sous l’eau."
Luc Torres : « Notre fédération ne nous a fait aucun cadeau ».
Visiblement très marqué par l’affaire qui a sali l’Etoile cette semaine, Luc Torres tout en retenue a néanmoins décidé après le match de sortir de son silence en répondant aux questions des médias.
"Je viens de vivre dix journées très compliquées car le club a été sévèrement accusée et même menacée par des personnes qui voulaient connaitre l’auteur des injures en voulant lui faire la peau. Je n’avais jamais connu cela auparavant même quand on a été placé en redressement judiciaire. Durant cette période difficile, j’ai aussi eu du mal à travailler alors que c’est cela et non le basket qui me fait gagner ma vie. C’est d’ailleurs une situation qui m’a beaucoup fait réfléchir sur mon statut de président.
Après avoir très fermement condamné dès le dimanche les propos racistes tenus dans notre salle par une personne isolée et après avoir mené mes investigations et reconstitué ce qui s’était passé dès la fin de la rencontre, j’ai réservé mes déclarations sur tout ce que je savais à la police en étant à sa disposition dès le mardi qui suivait les faits. Et j’ai été audité mercredi. Le spectateur incriminé a été identifié.
« Cette situation m’a fait beaucoup réfléchir sur mon rôle de président »
Notre fédération, elle-même, ne nous a fait aucun cadeau. Elle a donné l’impression qu’elle devait absolument faire quelque chose. Mais on ne peut tout de même pas condamner un club que sur les nombreuses réactions liées aux réseaux sociaux. Ce n’est pas glorieux. Personnellement, en tant que président, je vais être contraint de passer devant la commission de discipline pour ce que je n’aurais pas fait le jour du match. Mais j’entends bien me défendre le 22 février. J’aurai enfin et pour la première fois l’occasion de m’exprimer.
Je trouve tout de même curieux pour ne pas dire plus, que la FFBB ne m’ait jamais demandé la moindre explication alors qu’elle a téléphoné à mon homologue messin alors qu’il n’était pas présent sur place.
Je rappelle que l’Etoile n’a jamais connu depuis 1963 d’incidents dans les différentes salles où elle a évolué.
Enfin, ces matchs à huis clos nous occasionnant une perte financière de 3000 à 5000 euros par soirée mettent l’Etoile en péril. A partir du moment où on est confronté à des choses qu’on ne maîtrise pas et si la sanction devient officielle, on nous poussera à fermer le club. Et c’est ce qui risque de se passer au grand dam de nos 800 fidèles spectateurs."