Alexis Auburtin : « Jouer en N1 avec mon club de cœur, c’est exceptionnel ! »

4 déc. 2024 18:00:00 dans NM1

Quatrième marqueur (8,3 points) et rebondeur carolo (4,1), le basketteur ardennais Alexis Auburtin, après avoir été un joueur référencé en N2 (10 pts à Bordeaux, 12,1 pts à Poissy, 12,3 pts à Recy et l’Etoile) montre encore tout son potentiel en Nationale 1 (8,9 d’évaluation). Et en sus, dans son club formateur.

 

Alexis, comment es-tu venu au basket ?

"Mon frère, Clément, a évolué à l’Etoile durant cinq ans et j’allais souvent le voir jouer. A l’époque, j’étais pongiste au club du Theux mais j’avais envie de pratiquer un sport collectif afin de partager des émotions. J’ai donc suivi l’exemple de mon ainé en commençant la discipline à 13 ans en minimes départemental avant d’être intégré par Nicolas Jault en milieu de saison et en raison de ma taille à l’équipe minimes France. L’année suivante, en cadets région, j’ai eu la chance d’évoluer avec mon frère et jouer avec Nianta Diara qui a fini professionnel au Havre, Souffelweyersheim, Antibes, Boulazac et Cholet. Enfin, j’ai conclu cette première séquence carolo en cadets France sous la conduite de Clément Lecoester avec Lucas Antic, Alexis Cadet et Richard Neveu tout en étant surclassé en Prénational. A cette période, je m’entrainais aussi avec Francis Charneux et les pros Bourdillon, Pistre, Calvez, Boundy. Ce qui m’a permis d’acquérir pas mal d’expérience. Par la suite après des essais infructueux à l’Elan Chalon et l’ASVEL, j’ai été repéré durant l’été 2O12, au Camp Parker par un entraineur de Nancy, ce qui m’a permis d’intégrer le centre de formation du SLUC. Malheureusement, cette expérience n’a duré que deux mois car je me suis blessé aux croisés. Ce qui a nécessité un retour à Charleville-Mézières où, après une opération à Paris, mon père, Denis, kinésithérapeute, m’a soigné avant de me rendre en centre de rééducation."

 

Coéquipier de Luwawu Cabaro et Isaia Cordinier à Antibes

 

Ensuite tu as récupéré tous tes moyens.

"Ce qui m’a valu d’être retenu aux centres de formation d’Antibes où j’ai retrouvé un ancien technicien carolo, Christian Cordéas et été finaliste du Trophée du Futur en 2024 en compagnie de Timothé Luwawu Cabaro et Isaia Cordinier, et de Châlons/Reims en étant recruté par Nikola Antic. Par la suite à la fin de mon bail Espoirs, j’ai signé un premier contrat pro professionnel à l’âge de 21 ans à Rueil ou j’ai joué avec Fabien Calvez et Jérémie Douillet, le cousin de mon épouse, Emmanuelle."

 

Et tu es repassé une première fois par la case carolomacérienne.

"Effectivement. Alors que Rueil voulait me reprendre, David Condouant, mon agent, m’a avisé que Cédric Heitz était intéressé par moi pour compléter son quota de joueurs de moins de 23 ans à l’Etoile. A 22 ans, en 2016, je me suis donc retrouvé en Pro B dans mon club formateur et même sans avoir beaucoup de temps de jeu, j’ai pu encore progresser en côtoyant Hermannson, Koné, Dussoulier, Bouquet, Mensah et Saumont. C’était une aubaine d’autant qu’il y avait une ambiance de dingue au sein d’un groupe qui termina en play-offs. J’ai tout de même pris part à tout cela en étant le seul Ardennais. Une vraie fierté."

 

Des choix réalisés avec sa compagne

 

Par la suite, tu as pas mal bourlingué.

"J’ai changé de club quasiment tous les ans. L’ensemble de ce tracé m’a permis de découvrir une partie de la France, d’établir de nombreux contacts et d’être à l’unisson avec ma compagne car j’ai aussi souvent fait des choix géographiques qui correspondaient à sa carrière de professeur d’arts plastiques. On a ainsi mis le cap sur Bordeaux, Poissy et Recy Saint-Martin (N2), des clubs où j’ai donné satisfaction avant d’être stoppé quasiment un an par le Covid. Faute d’un accord avec l’Etoile et pour rester proche des Ardennes où nous avions le projet de faire construire, j’ai accepté ensuite de signer à Cormontreuil en Prénationale. Un rythme bien sûr complètement différent, ce qui m’a amené à renouer des contacts avec l’Etoile par l’intermédiaire de mon ami Jérémy Ricard, lorsque Jimmy Ploegaerts a pris les rênes du club. Et six ans plus tard et pour mon plus grand plaisir, je suis revenu une seconde fois au bercail pour reprendre le fil de mon parcours en N2 avant d’évoluer en N1. Aujourd’hui, j’espère m’ancrer encore quelques saisons à ce niveau dans mon département natal."

 

Quels sont tes atouts sur le parquet ?

"Je suis grand (2,04 m), je peux m’écarter pour shooter à trois points (47, 4 % de réussite) tout en pouvant jouer proche du cercle. J’imagine que c’est un profil qui intéresse les entraîneurs."

 

Quelle a été ta réaction à l’annonce, l’été dernier, du retour de l’Etoile en Nationale 1 ?

"On avait entendu parler de cette possibilité début juillet sans trop y croire. Mais c’était gravé dans un coin de nos têtes et on a vite imaginé que ce projet pouvait devenir une réalité quand le coach, dès la reprise, nous a concocté une préparation physique plus poussée que les années précédentes, afin de jouer à ce niveau. Cette éventualité commençait à être échafaudée par les instances nationales. Et à l’issue d’un week-end de cohésion, nous avons appris l’heureuse nouvelle avant de camper du côté d’Arreux. Le dossier de l’Etoile avait été validé. Et même si le challenge s’avérait ardu, nous pensions tout de même que les renforts de Nemanja (Kovanusic), Johan (Clet) et un peu plus tard de Rosaire (Malonga) pouvaient nous permettre d’être compétitifs. Nous avions tout de même des armes pour jouer le maintien et étions tous ravis à l’idée de relever ce challenge."

 

Le début de saison n’a-t-il pas refroidi vos espérances ?

"On ne va pas se mentir. Oui, d’autant que les matches de préparation contre des clubs de N2 et un promu en N1 n’ont pas été assez costauds par rapport à ce qui nous attendait d’entrée en N1 face à des clubs rodés à ce niveau. Comme Boulogne (80-64), Saint-Vallier (92-104), Saint-Chamond (84-67), Feurs (85-98) et Orchies (83-64). Ce fut la douche froide. Brutal même. Mais après la phase « palais des découvertes », le coach a su nous mettre en confiance en nous disant que si nous étions capables de tenir 40 minutes, ça pouvait le faire. Et c’est ce qu’il s’est passé depuis. Nous avons travaillé plus pour en arriver là et fait beaucoup de vidéo. Tout cela a payé. Mais après avoir démontré qu’on s’était adapté à ce haut niveau, il faut maintenant être endurant car la compétition est encore très longue."

 

Mais, aujourd’hui, l’équipe est prête à relever cet immense défi.

"En étant septième à la moitié de la première phase, on se met effectivement à rêver d’une possible seconde campagne en N1. On va tout faire pour concrétiser cet objectif qui constituerait une sacrée performance par rapport aux conditions de notre engagement dans cette division."

 

Comment juges-tu tes prestations personnelles ?

"Plutôt content même si je pense être capable de mieux faire encore. Mais j’attache plus d’importance aux prestations collectives de l’équipe. C’est notre collectif qui permettra à l’Etoile de relever le défi. Et si pour ma part, je contribue à cela en faisant de bons matchs, tant mieux mais ce n’est pas ma préoccupation essentielle."

 

Parallèlement à ta carrière de basketteur, tu prépares déjà ta reconversion.

"J’ai entamé en septembre durant mon temps de libre, les lundi et mardi, une préparation à un BPJeps « Activité pour tous » au Campus Sup Ardenne dans le cadre d’une formation en alternance d’un an. Je complète cela avec des petites missions au sein des structures du club. En cas de succès en juin prochain aux examens de fin de cursus, cette qualification s’ajoutera au BP Jeps « Basket » obtenu l’an passé. J’étoffe ainsi mon bagage pour être mieux armé par la suite."

 

« Tout cela est tout de même fou »

 

Quelle est ta vision globale sur tout ce que tu vis actuellement ?

"Je suis le plus heureux au monde. C’est un bonheur total. Jamais je ne me serais imaginé réussir tout cela, là où je suis né. Et pourtant dès l’âge de 13 ans mon rêve était de devenir basketteur professionnel et si possible à l’Etoile. Et pouvoir vivre de sa passion, qui plus est ici, en étant proche de toute ma famille, c’est un sacré privilège. J’en mesure tous les jours la portée d’autant que j’ai conscience de contribuer à tout cela sur le terrain (19 minutes de présence sur le parquet). En plus de cela, il y a cet engouement populaire nouveau autour du club qui nous permet de jouer dans des conditions très favorables. C’est fou !"

 

Quelles sont tes occupations en dehors du basket ?

"J’ai la chance d’habiter à la campagne, à Bertoncour dans le Rethélois. Alors, je profite un maximum de la nature en promenant mon chien. Sinon, je regarde des séries à la télévision et je fais des jeux de société avec ma femme tout en profitant de ma famille, Denis et Catherine, mes parents, et Clément, mon frère."

Propos recueillis par Pascal Remy

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